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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 12:00

Le cinéma,  c'est bien connu, ça fait causer... Un peu partout d'ailleurs : à la sortie de la projection, dans la rue, dans un bistrot, ou bien dans un lycée... La preuve...


   

 

Extérieur jour. A la faveur de la neige… quatre élèves de la classe errent comme des âmes en peine dans les couloirs du lycée, au cœur de l’après-midi. Les voici capturés par leur prof de français pour un petit entretien au sujet de Foxfire, vu il y a -déjà- une bonne dizaine de jours. Justine, elle, ne dit pas grand chose : elle prend des notes… Mais on la sent très solidaire de l’avis de Mathilde : solidarité féminine ?


Paul : ma première et seule question est : avez vous aimé le film ?


Antoine : pas détesté, mais bof.. pas particulièrement séduit.


Mathilde : (sans hésitation, ton franc) : oui ! J’ai beaucoup aimé.


Mme Sourget : est-ce que le fait que les personnages aient plus ou moins votre âge a pu jouer dans ton intérêt pour le film, Mathilde ?


Mathilde : oui, je pense…


Antoine : le problème, c’est que l’on n’arrivait pas à s’attacher vraiment à ces personnages. Je ne suis pas parvenu à bien les cerner, et encore moins à m’y identifier…


Paul : il faut dire que ce sont des filles…


Antoine : c’est vrai, je dois admettre que ça m’a gêné… Disons que j’ai trouvé « lourd » ce féminisme agressif, ce « girl power ». J’aurais aimé que le cinéaste développe d’autres thèmes, soit un peu plus nuancé.


Mathilde (petit sourire) : eh bien, cette revanche que les filles prennent sur les caïds, et plus généralement sur la domination masculine, ça ne m’a pas déplu, au contraire ! Après tout, ça peut se comprendre dans le contexte des années 50, où les femmes avaient moins de libertés qu’aujourd’hui. Encore que… tout dépend de quelle culture on parle. Par ailleurs, une histoire de « gang de fille », j’ai trouvé cela original, je n’avais jamais vu cela au cinéma.


Mme Sourget : est-ce que vous vous êtes rendus compte que la plupart des actrices n’étaient pas professionnelles ?


Mathilde : absolument pas, je les ai trouvées naturelles et convaincantes.


Antoine : personnellement, j’ai été exaspéré par le jeu de celle qui incarnait Rita : je trouvais qu’elle sonnait faux. En revanche, les actrices qui interprétaient Legs et Maddy, la rousse…


Paul : oui, la narratrice…


Antoine : elles, elles jouaient vraiment bien !


Mme Sourget : mais alors, qu’est-ce qui t’a déplu ?


Antoine : en fait, j’ai été déçu par une certaine incohérence dans l’itinéraire de ces personnages, en particulier de Legs. J’adhère à son combat, à ses idées. Globalement, je les trouve légitimes. Elle ne fait rien de mal, et rétablit même une forme de justice, même si elle commet quelques délits mineurs. Mais pourquoi enlever un homme qui ne leur voulait pas de mal ? Qui était même humain, prêt à les aider ? Là, Legs se contredit, elle va contre sa propre idéologie...


Mathilde : oui, je suis d’accord avec toi sur ce point. Moi aussi, ça m’échappe ...


Mme Sourget : mais ne vous êtes-vous pas dit que justement, c’était plus réaliste ainsi ? Le but de la romancière J.C Oates, et aussi de L. Cantet qui adapte, c’est sans doute de montrer comment les utopies s’effondrent, face à la réalité…


Antoine : n’empêche, ça casse la logique et la la beauté de l’histoire.


Mathilde : j’ai trouvé que la fin allait dans tous les sens... et pas dans le bon.


Mme Sourget : avez-vous avez senti que ce basculement s’opérait à partir du séjour en prison ? Enfin, je veux dire, le séjour de Legs à la maison de correction ? Cela signifie peut-être quelque chose, non ?


Antoine : je n’ai pas remarqué, pas particulièrement. Par exemple, Legs, même après des mois d’enfermement, semble avoir encore des idéaux : elle accepte une jeune noire, tente de l’intégrer dans le groupe. C’est vraiment dommage qu’elle échoue à imposer ses idées. C’est décevant. Et par la suite, j’ai l’impression qu’elle et ses compagnes tombent dans la spirale de la violence gratuite et stérile...

 

***

 

Magie du montage. Scène intérieure nuit . Nos cinéphiles en herbe se retrouvent transportés un étage plus haut, en salle 305. Même décor de classe impersonnelle. Mais cette fois, les acteurs et figurants sont un plus nombreux… Antoine et Mathilde sont littéralement bombardés de question.


Camille (qui a redoublé, mais c’était dans une autre vie, ne digressons pas de notre sujet) : bon alors, et la musique ? Qu’avez-vous à nous dire sur la BO de Foxfire ?


Justine : ah oui, j’ai lu quelque part que le compositeur était Timber Timbre.


Antoine : à vrai dire, je n’y ai pas prêté attention.


Mathilde : moi non plus…


Camille (qui redouble sa question) : ah bon ? (on sent la déception). Pourtant, c’est important, la musique, personnellement ça m’a marquée.


Mme Sourget (opportuniste, elle pense au blog !)  : Camille, tu pourras nous rédiger un texte sur la musique de Foxfire ? Et pourquoi pas celle de Camille redouble ? Pour le blog du prix Renoir des Lycéens, s’il te plaît ?


Paul (pas le même) : c’est bien beau, tout ça, mais enfin on n’a presque rien dit de la portée politique du film. Vous y avez été sensible ?


Paul (le premier) : on n’a pas le droit de parler de politique ! Sujet interdit.


Mme Sourget : il n’y a rien d’interdit sur le blog. On peut d’ailleurs parler de politique sans prendre parti pour qui que ce soit.


Antoine : la dimension politique du film est très claire, oui. La fin avec la coupure du journal, la photo avec Fidel Castro… Le personnage du vieil activiste communiste, dont Legs boit les paroles. Je la trouve d’ailleurs un peu naïve. Et puis, la conversion chez les parents de Marianne, à table…


Paul (l’autre Paul, pas le premier) : les filles de Foxfire, à leur manière, font de la politique.


Mathilde : ce n’est pas ce que j’ai vu en premier dans ce film. Cela ne m’a pas particulièrement frappée. Je suis plus sensible à l’évolution personnelle de ces filles.


Antoine : Il y a aussi, me semble-t-il, des allusions à d’autres tendances  politiques, en tout cas à une forme d’extrémisme : les tatouages, les serments « a la vie à la mort » : il y a un côté sectaire dans la démarche de Legs, même si elle ne le souhaitait pas au début. Au fur et à mesure, les actions deviennent de plus en plus violentes, mais aussi finalement assez vaines voire stupides… un coup de peinture par ci, une petite manifestation devant un magasin d’animaux par là… Où est la réflexion politique là dedans, l’argumentation ?


Camille : j’aurais aimé, pour ma part, que les filles aillent à la fois plus loin dans l’action et dans le discours, et qu’elles s’expriment réellement en face des garçons, des hommes : qu’elles s’expliquent. J’aurais apprécié une vraie confrontation.


Justine : finalement, Legs ne parle pas vraiment à son père. Au procès, les membres du groupe ne se défendent pas vraiment… elles sont à peine solidaires de Legs, elles semblent se soumettre aux décisions des adultes.


Camille: Elles auraient pu, au moins, réagir un peu…


Caroline : on est en dans les années 50. Il faut garder cela à l’esprit. Un jeune de cette époque là n’a pas le droit à la parole face à l’autorité des adultes.


Antoine : ma remarque vous paraîtra peut-être hors de propos : mais quand les membres de Foxfire peignent leur flamme partout, ça m’a un peu fait penser à la Vague (1)… vous voyez, l’effet de groupe: les membres de la Vague et de Foxfire tombent dans le radicalisme, mais une fois de plus, au détriment de la réflexion.


Paul (on aura noté que ce garçon s’intéresse à la politique et à l’histoire, sur lesquels il travaille en TPE) : c’est clair que ce qui se passe au sein du gang de Foxfire fait écho à ce qui a pu se passer dans l’Histoire : les dérives du communisme, l’endoctrinement, l’exclusion de certains membres qui n’ont pas voulu suivre la droite ligne du parti…


Un petit groupe approuve. On aurait aimé poursuivre, mais la cloche sonne. L’heure est au bilan : sur les 14 élèves présents, 11 affichent un réel goût pour Foxfire ; mais 3 hésitent avec Camille redouble. Les deux films parlent du temps, a-t-on remarqué : joli sujet pour un prochain article ? On attend aussi le papier de Camille, qui nous a promis de nous parler musique…


(1) film de 2008 de Dennis Gansel, inspiré du livre de Todd Strasser, œuvre connue de tous les lycéens allemands.

 

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commentaires

P
A nice article that you have shared here tells about the small conversation between the friends. I will also try to share such interesting conversation between friends which tells about the little humor and many other entertaining elements
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