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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 06:17
 ... A consommer sans modération, si l'on en croit l'avis de ce professur-animateur de notre club ciné (car les adultes, rappelons-le, ont eux aussi le droit à la parole, sur ce blog).

 

 

Alors, le dernier Chabrol, il est comment ? Question rituelle qui, comme un privilège, reste réservée aux maîtres du 7ème art, prolifiques et réguliers dans leurs productions. Au détriment de la qualité, rajouteront les mauvaises langues…

Allons droit au but : Bellamy le dernier long métrage de Claude Chabrol (78 ans au compteur) est un bon cru. A l'image de l'intrigue policière qu'il se propose de retracer, ce film est d'abord un puzzle, simple en apparence (grâce à la mise épurée et fluide où chaque plan est agencé avec subtilité, où chaque mouvement de caméra est étudié avec rigueur) mais plus compliqué et vertigineux qu'il n'y paraît quand il s'agit de mettre les pièces les unes à côté des autres.

        C'est aussi un film de fantômes qui président aux destinées de l'intrigue (la séquence d'ouverture se déroule dans un cimetière). On y croise d'abord le fantôme de Maupassant (le plus évident vu le titre du film) pour la peinture de l'ambition des hommes. Une ambition parfois machiavélique mais finalement vaine puisque punie par le destin (à vous de voir si Chabrol est plus moral que Maupassant ! ). Ceux d'Alfred Hitchcock et de Fritz Lang dont le réalisateur perpétue l'héritage concernant la dualité profonde de l'être humain, le jeu de miroir (et il y en toujours chez Chabrol) entre innocence et culpabilité, le pile et le face d'une même pièce, l'endroit et le revers d'une même médaille. Simenon n'est jamais bien loin quand il s'agit de faire le portrait d'un commissaire de police qui se met en tête de résoudre une affaire criminelle même en vacances. Fantôme de Brassens dont certaines chansons ponctuent la narration jusqu'à une scène de tribunal plutôt étonnante où la plaidoirie de l'avocat est une composition de l'éternel Georges.

         Dans Bellamy, les affaires humaines, contrairement aux fantômes, ne durent pas : la jeunesse s'évanouit (Depardieu est épatant en commissaire vieillissant) et certaines histoires d'amour finissent mal.

         Bellamy ou comment voir un beau film grave, subtilement mis en scène, où les dialogues et les interprètes font le reste. Bellamy ou comment voir qu'un réalisateur de 78 printemps peut encore faire du bon travail !


Eric POPU

 

 

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commentaires

T
(Oh mais non, ne me laissez pas tranquille -ou plutôt ne croyez surtout pas me déranger !- ! C'est un vrai plaisir, c'est enrichissant et intéressant... Que demande le peuple ?)<br /> En effet, l'inscription de Chabrol dans l'axe Lang/Hitchcock/Bunuel est plutôt pertinente (ce que vous évoquiez précédemment par rapport à Merci pour le chocolat et Soupçons ne fait que le confirmer, d'ailleurs). En l'occurrence, c'est Le Boucher (un des rares Chabrol que je connaisse plutôt bien) qui me vient à l'esprit. La relation personnage humain/acte "animal" (entre guillemets, parce que le propos me semble toutefois plus complexe et paradoxal) en est le sujet principal, à mon sens (et le thème du boucher, s'il se rapproche du type de personnages cher à Chabrol, ne me semble pas anodin par rapport au propos du film).<br /> Et promis, lorsque je serai devenue une experte en matière de cinéma de Claude Chabrol, je reviendrez vous embêter !
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E
Ultime remarque sur le cinéma de Chabrol (et c'est promis je vous laisse tranquille !): il est très attaché à la description (parfois ironique) de la bourgeoisie provinciale. Ce qui le rapprocherait, me semble-t-il, d'un des axes de l'oeuvre de Luis Bunuel (Journal d'une femme de chambre, Le charme discret de la bourgeoisie, Belle de Jour ou encore Tristana). De toutes façons,il existe un lien entre Lang, Hitchcock, Bunuel et donc Chabrol à savoir la résurgence chez l'individu, à priori civilisé, de la pulsion criminelle.Voilà je crois que j'en ai fini (provisoirement ?) avec Chabrol et Bellamy.
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T
En effet, les noms sont assez parlants... Merci beaucoup pour toutes ces précisions ! Je ne manquerai pas de me pencher plus amplement sur Chabrol (et sur Chabrol/Huppert ! Une bonne introduction au festival de Cannes 2009, qui plus est !), et de me servir de ces prismes de réflexion. Merci encore !
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E
Autres précisons sur le cinéma de Chabrol : il faut être toujours attentif ou attentive aux éléments du décor (j'ai évoqué les miroirs qui renvoient au dédoublement de personnalité chez un personnage par exemple) et aux noms de famille des héros, souvent porteurs de sens (quelques exemples autres que Bellamy : les Lelièvre dans la Cérémonie, Jeanne Charmant-Killman dans l'Ivresse du pouvoir). Dernière recommandation si vous me le permettez: je vous conseille de visionner ou revisionner (sans modération) toutes les collaborations Chabrol/Huppert depuis Violette Nozière.
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E
Autres précisons sur le cinéma de Chabrol :
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