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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 00:00

Il a été un des films marquants de l’année ciné en 2010. Des élèves du Lycée Mariette ont vu Nostalgie de la lumière de Patricio Guzmán au cinéma « Les Stars ». Parmi eux, Manuella une des anciennes de l’équipe Cannes des Routes de la critique. Elle a aimé le film et écrit pourquoi…

 

 

  Le cinéaste chilien, Patricio Guzmán.

 

 

Nostalgie de la lumière de Patricio Guzmán (2010)

 

Présenté au Festival de Cannes en 2010, Nostalgie de la lumière est un documentaire de Patricio Guzmán (1) tourné dans le désert d’Atacama, un lieu de mémoire de l’univers (macrocosme) et de l’histoire des hommes (microcosme).

        Après avoir vu ce documentaire émouvant, j’ai pu remarquer quatre aspects intéressants. Le premier, en ouverture du film, est scientifique puisque que le désert d’Atacama accueille de nombreux observatoires astronomiques. Se succèdent des photos de l’univers, des clichés de nébuleuses, de planètes et de la Lune. Ils reviendront tout au long du film. Le réalisateur propose alors un impressionnant voyage au cœur de l’univers infini.

        Le deuxième aspect est géographique. Le documentaire est tourné dans le désert d’Atacama, un lieu idéal pour les astronomes puisque le ciel n’est pas « pollué » par les lumières d’origine humaine.

        Le troisième aspect est historique. Le documentaire donne à voir et entendre des témoignages poignants. Parmi ceux-ci, celui de Luís Henriques, ancien prisonnier des camps de concentration de Pinochet, qui raconte ce qu’il a vécu. Il décrit un objet inventé pour observer les étoiles : il envisage le ciel et son infini comme un mystère mais aussi comme une passion et un moment d’évasion à l’époque de sa détention. Pour lui, l’astronomie est le symbole de la liberté. Le documentaire donne aussi la parole à des chiliennes, des épouses, des sœurs qui recherchent les ossements des victimes de la dictature, l’une d’elle avouant qu’elle ne trouvera le repos que quand elle aura retrouvé ce qui reste de son frère victime du régime de Pinochet. Atacama est un lieu historique : il témoigne des crimes de la dictature (le réalisateur filme un cimetière pour dénoncer le nombre de morts durant la dictature) mais on y découvre aussi des dessins précolombiens, présentés par un archéologue, sur les roches du désert.

        Le quatrième aspect du film est sonore. De nombreux sons (le tonnerre, le vent, le bruit de cuillères accrochées dans une maison comme un carillon) confèrent au film une dimension poétique. Cette dimension est renforcée par les poussières d’étoiles qui parsèment certains plans du film. Elles peuvent évoquer l’émerveillement de la découverte.

        Le point fort du documentaire c’est de faire une analogie entre les corps célestes morts dont on reçoit la lumière et les corps humains, eux aussi morts, qui témoignent de l’histoire du Chili. Les femmes chiliennes, l’astronome, l’archéologue ont un point commun : le passé, celui de l’univers pour les uns ; celui du Chili pour les autres. La fin du film est alors un moment magique : l’astronome et les femmes sont réunies pour utiliser un télescope et regarder non pas le ciel mais le sol désertique. Il a encore beaucoup à dire sur des événements pourtant pas si éloignés de nous dans le temps …

        Nostalgie de la lumière est donc un film passionnant et émouvant, l’intérêt et l’émotion naissant des témoignages de l’astronome et de l’archéologue mis en parallèle avec l’histoire personnelle de femmes et d'hommes qui ont souffert du régime de Pinochet.

 

Manuella Thonney, élève de 1ère ES2.

 

NOTES :

1. Patricio Guzmán est un cinéaste chilien né à Santiago du Chili en 1941. Ses précédents documentaires revenaient sur une des pages les pages les plus sombres de l’histoire chilienne : le renversement de Salvador Allende et l’établissement de la dictature d’Augusto Pinochet.

2. Région du Chili s'étendant de la vallée de Copiapó à la frontière péruvienne, du 27e au 18e degré de latitude sud, sur plus de 200 000 kilomètres carrés, le désert d'Atacama constitue l'élément le plus aride du vaste désert côtier déterminé par la double remontée, vers le nord, des hautes pressions et du courant froid de Humboldt. Les précipitations y sont les plus rares au monde.

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