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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 10:02

Suite de l'analyse d'Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin...

 

Mathieu Amalric est Henri Vuillard, le fils autrefois "banni" mais aujourd'hui appelé à la rescousse pour sauver Junon, sa mère qu'il dit détester (et réciproquement d'ailleurs !). En fait, leur relation est bien plus complexe qu'il n'y paraît : on constate, en effet, qu'au-delà des apparences et des mots, une grande complicité les unit (voir la scène de la messe de minuit puis celle de l'hôpital).

 

 

SEQUENCE 2 / Au tribunal : le procès et le bannissement d’Henri.

(5’36 mn à 9’36 mn)  

 

C’est la cinquième séquence du film. C’est un flash-back (les faits reconstitués et racontés par Elisabeth se déroulent cinq ans auparavant) coincé entre deux moments de la séance de psychanalyse de la jeune femme. De fait, la trame narrative du Conte de Noël est heurtée et non linéaire, faite de fréquents voyages entre le passé et ce qui semble être le présent.

 

La séquence tout entière peut être envisagée comme une scène d’une pièce de théâtre. Il y a tous les éléments :

- une scène = le prétoire, lieu de représentation où se joue généralement un drame (le procès d’une personne) et où chacun jour un rôle (avocat, procureur, prévenu).

- des coulisses = le couloir où est relegué Henri.

- un coup de théâtre = la proposition d’Elisabeth de payer les dettes de son frère.

- un drame se joue : le bannissement d’Henri imposé par sa sœur en échange du remboursement de la dette. Le terme choisi (bannissement) est d’ailleurs très connoté : il n’est pas sans rappeler les tragédies antiques (Œdipe par son père Laïos) ou le théâtre shakespearien (dans Roméo et Juliette, Roméo banni de Vérone ; dans Songe d’une nuit d’été, fréquemment cité dans le film, Hermia et Lysandre quittent Athènes vu que leur amour n’est pas autorisé). Ressort tragique de nombreuses pièces, le bannissement peut-être envisagé au propre (exil imposé par châtiment divin ou par le pouvoir) comme au figuré (un individu se retranche du monde humain à cause d’actes jugés contre-nature : voir Médée ou Phèdre).

 

 

Certains plans, plus ou moins rapprochés, avec une profondeur de champ plus ou moins importante, isolent le trinôme Abel, Elisabeth et Henri. Deux configurations sont envisagées, qui en disent long sur les rapports de pouvoir qui se jouent entre le père et ses enfants et entre le frère et la sœur :

- un plan place Henri entre Abel au premier plan et Elisabeth à l’arrière plan (disposition diagonale).

- un autre (disposition en triangle) place cette fois-ci Abel entre Elisabeth et Henri. Ce deuxième plan montre qu’Elisabeth se rapproche du père et annonce d’une certaine manière le bannissement d’Henri qui devient effectif lorsqu’Elisabeth demande à son frère de sortir. Il précise aussi la place d’Abel dans la famille Vuillard : celle de médiateur (voir sa place dans l’espace scénique du Prince Zorro).

 

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